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se rendait pas aussi agréable qu’on aurait pu l’attendre d’elle, dans sa situation chez M. Daniel Peggoty. Mrs Gummidge était d’un tempérament mélancolique, et elle pleurnichait quelquefois un peu trop pour ceux avec qui elle vivait dans une maison si étroite. Je la plaignais ; mais il y avait des moments où je pensais qu’il eût été mieux, pour elle et pour nous, que Mrs Gummidge eût un appartement à part où elle pût se retirer et attendre que ses accès de doléance fussent passés. Dans ces moments critiques, tout contrariait la pauvre femme, tout semblait fait exprès pour la contrarier ; si la cheminée fumait, elle en était affectée plus que personne ; si le froid devenait plus piquant, c’était en vain qu’elle avait le meilleur coin du feu et le siège le plus commode ; elle se plaignait constamment du brouillard ou de la bise : tout renouvelait ses crampes ou son rhumatisme dans le dos. Elle en pleurait et répétait qu’elle était une créature abandonnée. — Si Peggoty abondait dans son sens et lui disait :

« — C’est vrai, Mrs Gummidge, il fait bien froid, tout le monde doit le sentir.

» — Oh ! je le sens plus que personne, » répondait-elle.