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en tête de la collection des contes de Charles Dickens[1] et je suis réduit à reproduire ici presque textuellement la notice insuffisante que j’écrivis alors, me contentant de répéter avec les amis de l’auteur, que l’histoire de David Copperfield n’est qu’une première partie des révélations autobiographiques qu’il se réserve de faire au public à sa manière. Je répète donc que, sans pouvoir dire si, en effet, Charles Dickens, comme autrefois l’auteur de la Richesse des Nations, Adam Smith, enlevé par des Bohémiens, fut initié de bonne heure par une enfance malheureuse à l’observation des mœurs populaires, s’il fut à la fois Oliver Twist, Nickleby et David Copperfield, j’avais toujours pensé qu’il y avait un roman inconnu dans son enfance et sa jeunesse, un roman dont le mystère l’exposerait à toutes les conjectures s’il ne consentait à raconter lui-même son origine, son éducation et les vicissitudes de sa carrière, avant que la popularité littéraire l’eût couronné de son auréole, avant que le produit de sa plume lui permît de traverser la France dans son grand carrosse attelé de six grands chevaux de poste, pour aller occuper pendant une année, à Gènes, les magnifiques appartements du palais Peschiere.

Justifiant de mon mieux ma curiosité, dont je rendais complices les nombreux lecteurs qui avaient en moi leur interprète, je demandai à Charles Dickens lui-même les moyens de la satisfaire, au moins en partie. J’obtins une réponse, mais on va voir que cet ingénieux romancier, dont la plume rivalise avec le crayon d’Hogarth, n’est nullement pressé d’imiter les auteurs égoïstes qui, dans des Confessions, des Mémoires ou des Préfaces confidentielles, révèlent au public les moindres détails de leur vie privée, tantôt avec

  1. Les Contes de Charles Dickens, publiés à la librairie d’Amyot, Paris, 1847 ; 2 volumes contenant les Apparitions de NoëlLes Carillons. — Le Cricri du Foyer. — Nelly, etc.