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d’un pantalon de nankin, d’un gilet rouge, d’un chapeau à trois cornes, d’une grosse montre d’or, d’une pipe d’argent et d’une tirelire pleine de guinées. »

Je ne doutais pas, certes, que M. Daniel Peggoty ne méritât tous ces trésors, et je le dis à Émilie ; mais je dois avouer que si j’avais pu exprimer ma pensée tout entière, j’aurais demandé à cette reconnaissante nièce comment un chapeau à trois cornes contribuerait à son bonheur. Émilie se faisait de cet ensemble une vision céleste ; car, en énumérant tous les articles qui la composaient, elle levait les yeux au ciel.

Cependant le vent, tombé un moment, semblait vouloir souffler de nouveau, et nous nous étions aventurés sur une jetée en bois qui s’avançait au devant des premières vagues.

« — Eh bien ! à présent, me dit Émilie, avez-vous peur de la mer ?

» — Pas encore, répétai-je, faisant toujours le brave ; mais, vous-même, vous ne semblez pas aussi effrayée que vous voulez bien le dire. » — Elle se hasardait si près du bord, que je craignais qu’elle ne fît un faux pas.

« — Ce n’est pas de cette manière que j’ai peur, reprit Émilie ; non, c’est la nuit quand