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véritable charme consistait dans le fait même que c’était là un vrai navire, qui avait sans doute sillonné la mer des centaines de fois, et nullement destiné à servir d’habitation sur la terre ferme. Oui, là était son merveilleux attrait : construit pour être une maison, je l’eusse pu trouver étroit ou incommode, ou triste ; mais tel qu’il s’offrait à mon imagination d’enfant, c’était une habitation parfaite.

D’ailleurs, tout était propre intérieurement, — propre, soigné, coquet. Il y avait une table, un coucou de Hollande, une armoire à tiroir, et sur cette armoire un plateau à thé sur lequel était peinte une dame avec un parasol, promenant un enfant en uniforme militaire, son cerceau sous le bras. Ce plateau avait pour soutien une Bible, car si le plateau était tombé, il aurait brisé dans sa chute la théière et toute la foule de tasses et de soucoupes groupées autour de la Bible. Contre la muraille, je remarquai quelques images coloriées dans des cadres, sujets bibliques que je ne retrouve jamais à un étalage de marchand d’estampes ou à celui d’un colporteur, sans voir apparaître tout entier l’intérieur du domicile du frère de ma bonne Peggoty. Les plus saillantes de ces images représentaient Abraham en rouge al-