Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il nous attendait, en effet, sur la porte de l’auberge où s’arrêtait le messager, et il me demanda si je me portais bien, comme à une vieille connaissance. Je ne fus pas très sûr d’abord de le connaître aussi bien qu’il me connaissait, puisqu’il n’était plus revenu à la maison depuis la nuit de ma naissance ; mais notre intimité fit de rapides progrès lorsqu’il m’eut porté sur son dos jusqu’à sa demeure. Cham était devenu un grand garçon de près de six pieds, large en proportion, avec de fortes épaules, mais en conservant un air de douceur enfantine et des cheveux blonds frisés qui lui donnaient une physionomie de mouton ; son vêtement consistait en une veste de toile et une paire de pantalons si raides qu’ils auraient pu rester tout droits sans le secours des jambes qu’ils contenaient. Quant à son chapeau, c’était moins un chapeau qu’une de ces taches de goudron qui se figent où elles tombent.

Cham me portant sur son dos avec un petit coffre de notre bagage sous le bras, et Peggoty portant un autre petit coffre, nous tournâmes des ruelles semées de copeaux et de petits tas de sable ; nous passâmes devant des usines à gaz, des corderies, des ateliers de gréement, des forges, des cours de chantier où l’on cons-