Plus nous approchions, plus je voyais cette plage se dérouler sous le ciel, plus il me semblait qu’une petite montagne n’y aurait rien gâté, et qu’il aurait mieux valu que la ville et la mer ne fussent pas si étroitement mêlées et confondues ; mais Peggoty, à qui je fis part de mon observation, me répondit avec plus d’emphase que d’ordinaire, qu’il fallait prendre les choses comme elles étaient, et qu’en son particulier elle était fière de s’appeler un hareng de Yarmouth, sobriquet donné aux habitants de cette cité maritime.
Quand nous pénétrâmes dans la rue (étrange rue encore pour moi) et que nous sentîmes l’odeur du poisson, des vieilles étoupes, de la poix et du goudron, quand nous vîmes les matelots aller et venir, les voitures cahotées sur le pavé, etc., etc., je compris que j’avais été injuste pour une ville si pleine de vie et de mouvement. Je le dis à Peggoty, qui entendit avec plaisir l’expression de mon ravissement et m’apprit qu’il était bien connu (de tous ceux, je le suppose, qui ont eu le bonheur de naître harengs) que Yarmouth était la plus belle ville de l’univers.
« — Voilà mon neveu Cham, s’écria Peggoty, qui nous attend ! »