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afin de savoir comment elle prendrait notre idée. Sans être aussi surprise que je m’y étais attendu, ma mère ne fit pas la moindre objection, et le voyage fut arrangé ce soir-là même.

Bientôt arriva le jour du départ, jour attendu avec une sorte de fièvre, car j’avais peur qu’un tremblement de terre ou toute autre grande convulsion de la nature ne vînt se mettre en travers. — Ah ! quand j’étais si pressé de quitter la maison, combien peu je soupçonnais ce qui s’y passerait en mon absence !

C’est un plaisir pour moi que de me souvenir que lorsque la voiture du messager s’arrêta devant notre porte, ma mère ne m’y laissa pas monter avant de m’avoir embrassé tendrement. Je la vis qui nous suivait des yeux, et soudain survint M. Murdstone, et je crus deviner qu’il la conjurait de ne pas être si émue. Peggoty, qui regardait comme moi, partagea mon mécontentement de cette intervention, et je le vis bien quand elle se retourna vers moi avec un air de dépit concentré.

Je restai un moment à rêver en regardant Peggoty, et me disant que si elle avait mission d’aller me perdre comme l’enfant du conte des fées, je pourrais retrouver ma route, grâce