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trois. Cependant il y avait une certaine différence, une gêne indéfinissable. Quelquefois Peggoty avait l’air de reprocher à ma mère de mettre toutes les charmantes toilettes qui remplissaient ses tiroirs, ou d’aller souvent en visite chez la voisine ; mais je ne m’expliquais tout cela qu’imparfaitement.

Peu à peu je m’accoutumai à voir le gentleman aux favoris noirs, sans l’aimer davantage, sans cesser d’être moins jaloux ; mais je ne me rendais pas compte à moi-même de ces sentiments purement instinctifs. C’était au-dessus de mon raisonnement d’enfant.

Par une belle matinée d’automne j’étais dans notre parterre avec ma mère, lorsque M. Murdstone (je savais alors son nom) arriva à cheval. Il salua ma mère, lui dit qu’il allait à Lowestoft voir quelques amis qui étaient là avec leur yacht, et il proposa de me prendre avec lui si cette promenade pouvait m’être agréable.

L’air était si doux et le cheval creusait d’un pied si fier la terre à la porte du jardin, que je fus tenté. On m’envoya donc à Peggoty pour m’habiller. Cependant M. Murdstone mit pied à terre, passa la bride à son bras, et longea la haie d’aubépine que ma mère suivait aussi