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avais-je fermé les yeux que mes sanglots me réveillèrent encore, et je vis ma mère assise près de mon lit ; elle me prit dans ses bras, et, cette fois, je m’endormis tout de bon jusqu’au lendemain matin.

Je ne sais si ce fut le dimanche suivant ou un autre que je revis le gentleman aux favoris noirs. Je ne prétends pas à l’exactitude des dates. Mais, tous les dimanches, nous le rencontrions à l’église et il nous accompagnait après l’office. Il vint aussi une fois dans le salon pour y voir un fameux géranium qui était sur la fenêtre ; il me parut ne pas faire beaucoup d’attention au géranium, mais, avant de s’en aller, il pria ma mère de lui en donner un brin. Elle lui répondit qu’il pouvait le cueillir lui-même, et il refusa, insistant pour qu’elle le lui remît de sa main. Elle le fit. Il dit alors qu’il le garderait toujours ; et je le trouvai un peu borné de ne pas savoir que cette fleur, détachée de sa tige, serait flétrie au bout d’un jour ou deux.

Peggoty ne passait plus si constamment les soirées avec nous. Ma mère avait pour elle beaucoup de déférence, plus qu’auparavant, à ce que je crus remarquer, et nous étions toujours les meilleurs amis du monde tous les