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La porte étant fermée, Peggoty, qui n’avait pas dit un mot, assujettit la barre de fer, et nous entrâmes tous les trois au salon. Là, contre son habitude, ma mère, au lieu de venir se placer dans son fauteuil, au coin du feu, resta à l’autre bout de la pièce et fredonna assise sur une chaise.

Pendant cette musique, je commençai à dormir, mais d’un sommeil assez léger pour pouvoir entendre Peggoty qui, debout et raide au milieu du salon, un chandelier à la main, dit bientôt à sa maîtresse :

« — J’espère que vous avez eu une agréable soirée, Madame…

» — Oui, merci, Peggoty : une soirée très agréable !

» — Une soirée qui eût été peu du goût de M. Copperfield, j’ose le déclarer, Madame.

» — Bon Dieu ! s’écria ma mère, vous me rendrez folle ! jamais femme fut-elle aussi maltraitée que moi par sa servante ? Je me demande si je suis encore une petite fille ou si j’ai été mariée.

» — Vous l’avez été, Madame, Dieu le sait, reprit Peggoty.

» — Eh bien ! alors, comment osez-vous… ou plutôt comment avez-vous le cœur de me