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» — Le cher enfant, dit le gentleman ; je ne puis lui en vouloir de son dévouement filial. »

Je n’avais jamais vu un aussi beau vermillon sur les joues de ma mère. Elle me gronda doucement, et tout en me serrant contre son sein elle remercia le gentleman de la peine qu’il avait prise de l’accompagner.

« — Disons-nous bonsoir, mon beau petit garçon, » dit le gentleman qui, de son côté, prit la main gantée de ma mère et y posa les lèvres… je le vis.

« — Bonsoir ! dis-je.

» — Allons, soyons bons amis, reprit le gentleman riant : une poignée de mains ! »

Ma main droite était dans la main gauche de ma mère, et je lui tendis l’autre :

« — Ce n’est pas la bonne main, Davy, » observa le gentleman riant toujours.

Ma mère voulut me faire donner la main droite ; mais j’étais bien décidé à ne donner que la gauche, et le gentleman finit par la secouer cordialement ; puis, ayant répété que j’étais un brave garçon, il se retira.

Je le vis encore tourner la dernière allée du jardin et nous envoyer un regard d’adieu avec ses yeux noirs de mauvais augure.