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est que je n’ai jamais été mariée et que je ne m’attends pas à l’être jamais. Voilà tout ce que je sais.

» — Vous êtes de mauvaise humeur, Peggoty ! » lui dis-je, et je me tus, croyant en effet que je l’avais contrariée ; mais je me trompais ; car, après avoir quelque temps essayé de travailler, elle ouvrit tout-à-coup ses bras, et, m’attirant à elle, baisa plusieurs fois ma petite tête frisée. Je m’aperçus de l’énergie de son embrassade en voyant sauter deux boutons de sa robe ; car, étant naturellement replète, tout exercice exposait sa toilette à cet inconvénient. — « Voyons, dit-elle, lisez-moi la suite des corcordiles ! »

Je ne pus comprendre pourquoi Peggoty avait l’air si embarrassée et désirait revenir aux corcordiles, comme elle les appelait. Cependant nous lûmes encore l’histoire de ces monstres, ou plutôt nous vécûmes pendant une demi-heure avec eux ; nous laissâmes leurs œufs dans le sable pour que le soleil pût les couver, nous fûmes poursuivis par le père et la mère dont nous trompâmes la colère en tournant toujours, ce qu’ils ne pouvaient faire comme nous à cause de leurs lourds mouvements ; puis nous les poursuivîmes à notre