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lage : je vois le parterre, la pelouse et les grands ormes couronnés de leurs vieux nids de grolles : je traverse le long passage et la cuisine ; je joins ma mère dans le jardin potager, et pendant qu’elle cueille les fruits mûrs à l’espalier, je glane furtivement quelques groseilles… Un vent s’élève, — l’été a fui : nous jouons dans le petit salon : là, quand ma mère est fatiguée, elle s’assied dans le fauteuil : par moment aussi elle va au miroir, roule sur ses doigts les boucles de ses beaux cheveux, serre sa taille si svelte, et personne ne sait mieux que moi qu’elle n’est pas fâchée de se trouver toujours jolie.

J’ajoute à ces premières impressions le sentiment d’un véritable ascendant que Peggoty exerçait sur ma mère et sur moi : nous la consultions sur tout et nous avions un peu peur d’elle.

Un soir, Peggoty et moi nous étions assis tous les deux seuls, au coin du feu, ma mère étant allée passer la soirée chez une voisine. Je lui lisais un chapitre sur les crocodiles, et c’était peut-être un peu la faute du lecteur, mais je ne suis pas très sûr que Peggoty pût encore dire si le crocodile était un animal ou un légume extraordinaire, lorsque je sentis