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Toutes mes incertitudes étant évanouies, il me sembla pendant quelques jours que je faisais un rêve. Je m’inquiétai peu d’avoir pour tuteurs deux personnes aussi originales que ma tante et M. Dick. Je ne sais trop si je cherchai à définir bien distinctement mon propre individu. Une pensée seule m’absorbait : c’était que ma vie d’enfant négligé à Blunderstone était bien loin dans un sombre passé, et que le rideau venait de tomber sur le théâtre de ma dernière épreuve, comme employé du comptoir Murdstone et Grinby. Nul, depuis, n’a relevé ce rideau. Je ne l’ai moi-même relevé un moment qu’à regret dans ce récit, et je le laisse bien volontiers retomber. Le souvenir de cet épisode de mon existence est imprégné d’une telle amertume, que je n’ai jamais eu le courage de calculer combien de temps j’y restai condamné sans consolation et sans espérance. Je ne saurais donc dire si sa durée a été d’une année, de deux, ou de beaucoup moins. Tout ce que je sais, vraiment, c’est qu’enfin il eut un terme : je l’ai raconté et je n’y reviendrai plus.

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FIN DU PREMIER VOLUME.