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menace inattendue produisit sur la physionomie de Miss Murdstone. Celle-ci en fut atterrée, elle qui semblait étonnée, un moment auparavant, de l’humiliante et muette résignation de son frère : sans avoir plus que lui la force de répliquer, elle passa son bras à travers le sien, et, tous les deux, affectant de porter la tête haute, sortirent de la maison. — Quant à ma tante, elle alla se mettre à la fenêtre, préparée sans doute à faire ce qu’elle avait dit, si un âne osait reparaître. Mais Miss Murdstone, après s’être passé la fantaisie de chevaucher sur un baudet depuis la plage jusque chez Miss Betsey, n’avait pas commandé de monture pour le retour.

Aucun âne ne se montrant, ma tante se calma, et, peu à peu, son regard devint si doux, que j’eus la hardiesse de la remercier. Son sourire m’encouragea à un tel point que je lui sautai au cou et l’embrassai de bon cœur. J’échangeai aussi maintes poignées de mains amicales avec M. Dick, qui salua le dénouement de la redoutable entrevue par des éclats de rire répétés.

« — Monsieur Dick, » lui dit ma tante, « vous vous considérerez comme le tuteur de cet enfant, conjointement avec moi.