Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/410

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de votre propre persécution vous rend sa vue odieuse… Oui, oui, vous avez beau essayer de sourire, je ne dis rien que de vrai. Vous ne pouvez le nier vous-même. »

Je regardai à ces mots M. Murdstone, et je reconnus qu’en effet, en voulant sourire, il n’avait fait que pâlir et contracter ses noirs sourcils. Il était déjà près de la porte, ayant peine à respirer et sans rien répondre.

« — Adieu, Monsieur, » lui dit ma tante comme si elle devinait qu’il était temps de le laisser partir. « Adieu, vous aussi. Madame, » ajouta-t-elle en se tournant tout-à-coup vers la sœur. « Que je vous prenne encore une fois à passer sur un âne à travers ma pelouse, et je me charge de vous apprendre moi-même à qui elle appartient. »

Le geste dont cette dernière apostrophe fut accompagnée, indiquait clairement que si Miss Trotwood ne se croyait pas précisément le droit de faire tomber la tête de la délinquante, elle pourrait provisoirement lui arracher au moins son chapeau et le fouler aux pieds.

Il faudrait un peintre, un peintre d’un rare talent, pour peindre la physionomie et le geste de ma tante, ainsi que l’impression que cette