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vait bien gentil alors. Il promettait d’être pour lui un second père : quel aimable et charmant homme ! Avec lui la vie serait couleur de roses ! N’est-ce pas, M. Murdstone ?… Il me semble que vous vous reconnaissez-là, Monsieur ?

» — Je n’ai jamais entendu une pareille femme ! » s’écria Miss Murdstone.

Mais ma tante était décidée à défiler tout son chapelet.

« — Enfin, poursuivit-elle, la pauvre petite folle s’est laissée prendre au filet. Voilà l’oiseau en cage : il s’agit maintenant de l’apprivoiser, M. Murdstone ; il faut lui apprendre à chanter vos airs ; il faut qu’il obéisse à l’appel, et, pour cela, on ne le flatte plus, on lui fait voir à quel oiseleur il a affaire.

» — C’est de la démence ou de l’ivresse, » dit ici Miss Murdstone désolée de ne pouvoir détourner sur elle-même la faconde de ma tante… « ce doit être de l’ivresse ! » Mais Miss Betsey, sans s’occuper le moins du monde de l’interruption et de l’interruptrice, passa de l’apologue à l’apostrophe directe, et s’écria, de plus en plus indignée :

« — M. Murdstone, vous avez été le tyran de cette enfant simple et naïve. Vous avez brisé son cœur : son cœur était un cœur ai-