Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.

» — Quelle exquise politesse ! » s’écria Miss Murdstone se levant aussi : « c’est admirable réellement !

» — Pensez-vous que je ne sais pas, » poursuivit ma tante sans écouter la sœur et s’adressant au frère avec une expression d’indéfinissable dédain, « pensez-vous que j’ignore quelle vie a dû subir avec vous la pauvre et malheureuse enfant qui vous prit pour son second protecteur ? Pensez-vous que j’ignore quelle fatale fascination vous dûtes exercer sur la timide créature le jour où elle vous rencontra sur son chemin, tout miel et tout sourires, ouvrant de grands yeux, n’est-ce pas, et puis clignotant, déclamant de belles paroles, et puis jouant au silence éloquent.

» — Je n’ai jamais rien ouï de plus élégant, » remarqua Miss Murdstone.

« — Croyez-vous, » continua ma tante, « que je ne vous sais pas par cœur, maintenant que je vous ai entendu… et, je le confesse franchement, ce n’est guère un plaisir pour moi ? Oh ! oui, béni soit le ciel ! Comme il était doux et aimable d’abord, ce cher M. Murdstone, comme il faisait bien patte de velours ! comme il adorait la pauvre petite veuve, — et son enfant donc, il l’aimait aussi, il le trou-