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sur un âne, traverser hardiment la pelouse sacrée et s’arrêter devant la maison en regardant autour d’elle.

« — Voulez-vous bien vous en aller ! » s’écria ma tante montrant le poing par la fenêtre. « Que venez-vous faire ici ? Comment osez-vous violer ma propriété ? A-t-on vu une pareille audace ? »

Ma tante fut si exaspérée du sang-froid avec lequel Miss Murdstone promenait ses regards autour d’elle, que, contre sa coutume, elle restait immobile et incapable de fondre sur l’ennemi. Je crus devoir lui apprendre qui était cette femme, en ajoutant que M. Murdstone lui-même était le Monsieur qui arrivait en ce moment à pied, sur les traces de sa sœur, ayant eu quelque peine à gravir le sentier par lequel celle-ci avait conduit sa monture ou ayant fait peut-être un détour.

« — Que m’importe qui ce peut être ! » s’écria ma tante continuant à gesticuler très peu gracieusement à la fenêtre : « Je ne veux pas qu’on viole ma propriété. Je ne le tolère point. Retirez-vous ! Jeannette, faites éloigner cet âne, chassez-le ! » Tout tremblant derrière ma tante, je fus témoin d’une espèce de bataille sur la pelouse, le baudet entêté résis-