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côté de son caractère. Je commençai à penser que malgré toutes ses bizarreries et ses humeurs excentriques, ma tante était un de ces bons cœurs qui savent aimer et se faire aimer. Je la redoutai un peu moins et l’honorai davantage ce jour-là, quoiqu’elle se montrât plus irritée que la veille, chaque fois que les ânes de Douvres renouvelèrent leurs incursions ; un affront nouveau et le pire de tous, vint même mettre le comble à son indignation : — un jeune homme osa, sans respect pour la dignité de la maison, s’approcher de la fenêtre et lancer des œillades à Jeannette à travers les carreaux !

L’anxiété que j’éprouvai jusqu’à ce qu’arrivât la réponse de M. Murdstone, fut extrême, mais je fis tout mon possible pour la contenir afin de me rendre agréable à ma tante et à M. Dick ; celui-ci m’aurait mené avec lui pour lancer le grand cerf-volant, si j’avais eu un costume qui me permît de faire cette sortie ; mais accoutré comme je l’étais encore, je ne pouvais songer à me montrer de jour hors de la maison, et ma tante elle-même n’osait me faire faire une promenade hygiénique que le soir, où elle me conduisait pendant une heure sur le rocher de Douvres avant de me faire monter