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En prononçant cette dernière phrase, ma tante prit un air de défi comme si elle eût voulu que quelqu’un vînt lui contester son opinion, et je n’eus garde d’exprimer le moindre doute.

« — Il avait une sœur, » poursuivit ma tante, « une sœur qu’il aimait, une bonne fille, et qui était pleine d’attentions pour lui. Mais elle fit ce qu’elles font toutes… elle se maria… et le mari qu’elle avait choisi fit ce qu’ils font tous… il la rendit malheureuse. Le chagrin de cette sœur produisit une telle impression sur l’esprit de M. Dick (ce n’est pas de la folie, j’espère), que, jointe à la peur qu’il avait de son frère, elle lui causa un accès de fièvre. C’était avant qu’il ne vînt chez moi… cependant il en a gardé un souvenir qui l’affecte péniblement. Vous a-t-il parlé du roi Charles Ier, mon enfant ?

» — Oui, ma tante.

» — Ah ! » reprit-elle en se grattant le front comme si elle était un peu contrariée, « c’est sa manière allégorique d’exprimer le souvenir que je vous raconte : il rattache ses chagrins à sa maladie, n’est-ce pas naturel ? Et c’est la figure, la similitude ou n’importe comme on l’appelle, dont il se sert pour en parler. Et pourquoi ne le ferait-il pas ? il en a bien le droit, si cela lui convient.