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« — On l’a appelé fou, dit ma tante : j’éprouve un égoïste plaisir à répéter qu’on l’a appelé fou… Sans cela je n’aurais pas, depuis plus de dix ans, l’avantage de sa société et de ses bons avis… En effet, c’est depuis le désappointement que votre sœur Betsey Trotwood me fit éprouver.

» — Il y a aussi long-temps que cela ! » observai-je.

« — Oui, » continua ma tante, « et c’étaient des gens d’esprit qui avaient l’audace de l’appeler fou. M. Dick est un de mes parents éloignés… peu importe à quel degré, cela n’y fait rien. Sans moi son propre frère l’aurait tenu enfermé pour le reste de sa vie… Rien que cela ! »

J’ai bien peur d’avoir eu un peu d’hypocrisie lorsque, voyant ma tante si affectée et si indignée, je m’efforçai de paraître aussi indigné qu’elle.

« — Orgueilleux sot ! s’écria-t-elle… parce que son frère était un peu excentrique… et quoiqu’il ne soit pas moitié aussi excentrique que bon nombre de gens à moi connus… il ne se souciait pas qu’on le vît dans sa maison et il l’envoya dans un asile d’aliénés, trahissant ainsi les volontés de leur père défunt qui l’avait recommandé particulièrement à ses soins, le