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CHAPITRE XIV.

Ma tante prend un parti à mon égard.


Le lendemain matin je n’étais plus sous clé ; une fois levé, je me rendis auprès de ma tante et je la trouvai plongée dans une méditation profonde, accoudée sur la table du déjeuner et ne s’apercevant pas que l’eau bouillante commençait à s’échapper de l’urne à thé. Je me persuadai que j’étais le sujet de ses réflexions et je me sentais de plus en plus curieux de savoir ce qu’elle avait décidé à mon égard : cependant je n’osai pas exprimer tout haut mon anxiété, de peur qu’elle ne parût indiscrète.

Mes yeux ne pouvaient cependant être aussi facilement contenus que ma langue, et, bien souvent, pendant le déjeuner, je regardai ma tante. Chaque fois elle m’examinait de même avec une attention extraordinaire ; puis, le déjeuner fini, se renversant sur sa chaise, contractant ses sourcils, croisant ses bras, elle me contempla encore tout à son aise, et je finis par être troublé, confus même, d’être étudié et observé ainsi : mon embarras se trahit par toutes sortes de maladresses et de gaucheries, justement parce que, pour le cacher, voulant