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lune dans toute sa splendeur. Après avoir dit mes prières et lorsque la bougie s’éteignit, je me rappelle avoir quelque temps contemplé ces vagues si magnifiquement éclairées, comme si j’espérais y lire ma destinée, ou comme si, sur cette voie lumineuse, ma mère allait venir à moi, son enfant dans les bras, pour me sourire ainsi qu’elle m’avait souri la dernière fois que je l’avais vue. Lorsqu’enfin, le cœur plein d’une émotion solennelle, après cette vaine attente, je me retournai vers le lit aux rideaux blancs où je pouvais me reposer, tout autre sentiment fit place bientôt à celui de la reconnaissance pour la protection céleste qui m’y avait conduit. Cette reconnaissance ne diminua en rien après que je me fus doucement étendu entre les draps, où j’éprouvai un bien-être sensuel en pensant aux nuits que je venais de passer en plein air, exposé à toutes les inclémences de l’atmosphère : « Mon Dieu, dis-je, daignez m’accorder la grâce de ne plus être sans asile, et faites que je n’oublie jamais ceux qui n’en ont pas. » En m’endormant avec de telles dispositions, je ne pouvais manquer de descendre bientôt moi-même sur le brillant sentier des vagues pour aller de là faire une excursion dans le paradis des songes.

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