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remarquée, « Jeannette, M. Dick a raison, si le lit est prêt, nous allons l’y mettre. »

Le lit étant prêt, au dire de Jeannette, j’y fus immédiatement conduit, avec bienveillance, mais comme une espèce de prisonnier, entre ma tante et Jeannette, ma tante devant moi et Jeannette à l’arrière-garde. La seule circonstance qui ranima mon espérance, fut que ma tante s’arrêta sur l’escalier pour demander ce que signifiait certaine odeur de roussi : Jeannette répondit qu’elle avait brûlé ma chemise dans la cuisine. La chambre qui m’était destinée ne contenait d’autres vêtements à mon usage que ceux dont j’étais si burlesquement attifé : mon escorte féminine m’y laissa seul avec un bout de bougie que ma tante m’avertit ne devoir durer que cinq minutes, et j’entendis qu’on fermait la porte en dehors. En réfléchissant à ce qui venait de se passer, je conclus que, peut-être, Miss Betsey Trotwood, ne me connaissant pas, soupçonnait que c’était en moi une habitude de m’évader et qu’elle prenait ses précautions pour me retrouver le lendemain matin.

La chambre était une jolie chambrette à l’étage le plus élevé de la maison, et de la fenêtre on avait vue sur la mer où brillait la