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bras sa tête mourante ; c’est elle qui a reçu son dernier baiser avec son dernier soupir. »

Ce souvenir m’émut au point que je ne pus raconter qu’en balbutiant, comment Peggoty m’avait toujours déclaré que sa maison était la mienne, et que si je n’avais pas craint d’être une charge pour elle dans son humble situation, c’était à elle que j’avais d’abord songé à aller demander un asile.

Je ne pus en dire davantage ; mes sanglots m’étouffaient, et je me cachai le visage dans mes mains en appuyant mes deux coudes sur la table.

« — Bien, bien, dit ma tante ; l’enfant a raison de défendre ceux qui l’ont défendu… Jeannette ! des ânes ! »

Sans ces malheureux ânes, je crois vraiment que nous étions au moment de nous entendre ; car ma tante avait posé sa main sur mon épaule, et, encouragé par son approbation, je l’aurais embrassée et suppliée d’être ma protectrice. Mais l’interruption et l’accès d’indignation qui en fut la suite, comme cela ne manquait jamais à chaque attaque, bannirent pour le moment toutes les bonnes pensées : jusqu’à l’heure du thé, Miss Trotwood ne parla plus à M. Dick que des ânes de Douvres et de