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a pris la fuite, et, comme un petit Caïn, il a été vagabond sur la grande route ! »

M. Dick, à son tour, fronça le sourcil en m’examinant, pour vérifier si j’avais réellement sur le front la marque du fratricide !

Ma tante avait encore quelque chose sur le cœur. Je lui avais dit que Peggoty s’était mariée, elle aussi. Il fallait que Peggoty eût son paquet :

« — Et cette femme au nom payen, dit-elle, cette Peggoty, qui met comme les autres sa tête dans le guêpier !… Comme si elle n’avait pas assez des deux mariages de sa maîtresse, ne va-t-elle pas aussi prendre un mari… Tout ce que j’espère, c’est que ce mari est au moins une de ces brutes dont les gazettes nous racontent journellement la belle conduite, et qu’il la battra pour lui apprendre ce que c’est que le mariage. »

Je ne pus laisser traiter ainsi ma bonne Peggoty ni entendre l’expression d’un pareil vœu sans tenter de la défendre : « — Vous vous trompez, ma tante, m’écriai-je ; Peggoty est la meilleure, la plus fidèle, la plus dévouée des amies et des servantes. Peggoty m’a toujours aimé tendrement, elle a toujours aimé ma mère : c’est elle qui a soutenu dans ses