Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.

queté sur ma chaise, j’étais fort gêné dans le mouvement de mes bras ; mais comme c’était ma tante qui m’avait arrangé ainsi, je n’aurais jamais osé me plaindre. Une vive préoccupation m’agitait au fond du cœur. Que ferait-elle de moi ? Mon inquiétude était extrême. Elle ne dit rien qui pût la calmer, dînant en silence et se contentant de s’écrier de temps en temps : Miséricorde ! miséricorde ! lorsqu’elle fixait les yeux sur moi. Ce n’était pas cette exclamation qui pouvait m’apprendre grand’chose sur ma future destinée.

La nappe ayant été enlevée, une bouteille de xérès fut apportée par Jeannette ; ma tante m’en fit avaler un petit verre et envoya chercher M. Dick, qui n’avait pas dîné avec nous. Elle voulut que je lui racontasse toute mon histoire, et m’aida elle-même par de nombreuses questions en priant M. Dick de bien écouter. Celui-ci me parut deux ou trois fois assez disposé à faire un petit somme ; mais les yeux de ma tante ne le perdaient pas de vue, et il n’osait ni dormir ni sourire quand elle fronçait le sourcil en le regardant.

Mon récit fini, vinrent les commentaires de ma tante et de M. Dick :

« — Je ne puis concevoir ce qui forçait