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» — Jeannette, » dit ma tante se retournant vers la servante avec l’expression d’un calme triomphe que je ne compris pas alors : « — Jeannette, M. Dick nous tire d’embarras. Chauffez le bain. »

Quoique très intéressé au résultat de ce dialogue, je ne pus m’empêcher, tout en l’écoutant, d’observer ma tante, M. Dick et Jeannette, comme aussi de compléter l’inspection de la pièce où nous nous trouvions tous les quatre.

Ma tante était une femme grande de taille et dont la physionomie avait quelque chose de dur, mais nullement désagréable. Il y avait dans son visage, sa voix, dans sa démarche et dans toute son allure, une sorte d’inflexibilité qui m’expliquait fort bien l’impression produite par elle sur une douce et timide créature comme ma mère ; mais, malgré leur austérité, ses traits étaient plutôt beaux que laids. Je remarquai surtout qu’elle avait un œil vif et brillant. Ses cheveux, déjà gris, se partageaient en deux grands bandeaux. Sa coiffe ou bonnet, plus simple que ceux qu’on porte aujourd’hui, se nouait par deux rubans sous le menton. Sa robe, couleur de lavande, était d’une propreté extrême, mais