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lorsqu’elle alla dans un coin du jardin où elle se baissa pour arracher je ne sais quelle mauvaise herbe. Ce fut alors qu’avec un accès de courage ou plutôt de désespoir, j’entrouvris la grille et me glissai sans bruit jusqu’auprès d’elle.

« — S’il vous plaît, Madame, » dis-je en la touchant du bout du doigt.

Elle tressaillit en se relevant, et regarda.

« — S’il vous plaît, ma tante.

» — Eh ! » s’écria Miss Betsey avec un accent d’étonnement dont rien ne peut donner l’idée.

« — S’il vous plaît, ma tante, je suis votre neveu.

» — Oh ! seigneur Dieu ! » s’écria encore ma tante, et cette fois-ci elle fut si stupéfaite que les jambes lui manquèrent sans doute, car elle s’assit au milieu de l’allée du jardin.

Cependant, je poursuivis :

« — Je suis David Copperfield, de Blunderstone dans le comté de Suffolk, où vous vîntes le jour de ma naissance comme me l’a raconté ma pauvre mère. J’ai été bien malheureux depuis qu’elle est morte. On m’a négligé, on ne m’a rien appris, on m’a abandonné à moi-même, et puis on m’a condamné à un travail qui n’est pas convenable pour moi ;