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» — Non, certes ! » répondis-je. Mais me rappelant qu’au fond elle avait à peu près deviné, je me tus et me sentis monter le rouge au visage.

La servante de ma tante, — car elle l’était, puisqu’elle l’avait nommée sa maîtresse, — mit son riz dans un petit cabas et sortit de la boutique en me disant que je pouvais la suivre si je voulais savoir où demeurait Miss Trotwood. Je n’eus pas besoin de me le faire répéter et je la suivis, quoique mon agitation fût telle que mes jambes tremblantes pouvaient à peine me porter. Nous fûmes bientôt arrivés à une jolie maisonnette isolée, avec de gracieuses fenêtres cintrées : sur le devant, un jardinet bien cultivé, aux allées sablées en gravier, embaumait l’air du parfum de ses fleurs.

« — Voici la maison de Miss Trotwood, » dit la servante, « c’est tout ce que je peux faire que de vous la montrer ! » Et, à ces mots elle me laissa là comme pour se débarrasser de toute responsabilité à mon égard. Je restai donc à la grille, les yeux fixés sur la fenêtre du salon : un rideau de mousseline, en partie écarté, me permettait de voir une petite table et un grand fauteuil qui me suggéra la pensée que ma