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J’avais faim, j’avais soif, j’éprouvais une affreuse lassitude, et il me semblait que j’étais aussi loin de mon but que si je n’eusse pas quitté Londres.

La matinée s’était passée ainsi en vaines recherches. Je m’assis découragé au coin d’une rue, près du marché, sur la borne d’une boutique vide. Je délibérais en moi-même si je n’irais pas parcourir les villages et la banlieue de Douvres, lorsqu’un cocher, survenant avec sa voiture, laissa tomber la couverture du cheval. Je la ramassai pour la lui remettre, et je crus trouver un air de bonté dans la physionomie de cet homme. Je me hasardai donc encore à lui demander s’il pouvait me dire où demeurait Miss Trotwood. J’avais répété si souvent la question, que la parole faillit expirer sur mes lèvres.

« — Trotwood, répondit-il ; voyons donc, je crois connaître ce nom : une dame d’âge ?

» — Oui, cela doit être ! repris-je.

» — Taille un peu raide ? » ajouta le cocher en redressant son épine dorsale.

« — Oui, dis-je, ce doit être elle.

» — Qui porte un sac ?… un grand sac accroché à sa ceinture ? Elle est brusque et vient sur vous vivement. Eh !… »