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d’abord aux bateliers en leur demandant s’ils connaissaient la demeure de Miss Betsey Trotwood. Je reçus diverses réponses :

« — Miss Trotwood ! dit l’un, elle habite dans le phare de South-Foreland, et elle s’y est roussi les moustaches !

» — Eh non ! dit un autre, c’est cette dame qui s’est fait attacher par un câble à la grande bouée de l’entrée du port, et il faut attendre la marée basse pour aller lui rendre visite.

» — Allons donc ! dit un troisième, c’est la vieille qu’on a enfermée dans la prison de Maidstone pour avoir volé un enfant.

» — Mon garçon, dit un quatrième, vous arrivez trop tard : on a vu cette Miss Betsey, tout à l’heure, monter sur un balai et faire voile pour Calais. »

Les cochers des voitures de place, que j’interrogeai ensuite, ne furent ni moins plaisants, ni plus respectueux pour Miss Betsey. Les marchands en boutiques, à qui mon air piteux ne plut guère, me répondaient généralement sans m’écouter : « Allez-vous en, nous n’avons rien pour vous. » Je ne m’étais pas senti encore si triste et si malheureux depuis le premier jour de ma fuite. Mon argent était épuisé ; je n’avais plus rien dont je pusse faire ressource.