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pierre. J’y entrai le cœur palpitant, et mon émotion ne fut pas calmée lorsque, d’une noire alcôve, s’élança sur moi un horrible vieillard qui me saisit aux cheveux. Il avait une barbe grise touffue, portait une veste de flanelle jaunâtre et puait le rhum.

« — Oh ! que voulez-vous » ? marmotta le vieillard d’un son de voix rauque, sourd et monotone. « Oh ! par les cornes de Moïse ! que voulez-vous ? gr, gr, gr, gr, gr. »

Je fus si troublé par cette brusque attaque et surtout par le grognement qui terminait la question, que je ne pus répondre. Le vieillard me répéta donc :

« — Oh ! que voulez-vous ? par les cornes de Moïse, que voulez-vous ? que voulez-vous ? gr, gr, gr, gr.

» — Je voulais, » répondis-je alors, retrouvant la parole, « je voulais savoir si vous m’achèteriez une veste ?

» — Oh ! voyons la veste ! s’écria-t-il. Oh ! par les cornes de Moïse ! voyons la veste ! »

Et, se détachant de mes cheveux, ses mains, vraies serres d’oiseau de proie, cherchèrent des besicles dont il orna ses yeux aux paupières rouges.

« — Combien pour la veste ? » dit-il après