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nuit et silence autour de moi. Je n’oublierai jamais la sensation que j’éprouvai en me couchant ainsi pour la première fois sans un toit sur ma tête.

Le sommeil me ferma les yeux comme il ferma, cette nuit-là, ceux de tant d’autres infortunés qui n’auraient pu s’approcher d’une maison où il y avait un chien sans être repoussés par ses farouches aboiements. Je dormis et rêvai que j’occupais mon ancienne couchette du dortoir, amusant mes camarades par un romanesque récit. Je me réveillai au bout de quelques heures, le nom de Steerforth sur mes lèvres ; surpris d’abord d’apercevoir les étoiles, mon premier mouvement fut de me lever et de m’éloigner avec un sentiment de terreur indéfinissable ; mais je me rassurai aussitôt et je revins à la même place où je me rendormis… quoique souffrant légèrement de la froidure du matin. Le soleil brillait quand j’entendis la cloche qui réveillait aussi les élèves de Salem-House. Si j’avais pu espérer que Steerforth fût du nombre, je me serais tenu caché quelque part afin de le guetter au passage ; mais je savais qu’il n’y était plus depuis long-temps ; Traddles pouvait y être encore ; c’était douteux cependant, et puis, quelle que