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terais de neuf pence ; M. Dolloby me les compta, non sans grogner. Je lui souhaitai le bonsoir et sortis de la boutique plus riche de neuf pence et plus pauvre de mon gilet, mais je boutonnai ma veste : « Elle me suffit bien, » pensai-je… si surtout je pouvais n’être pas forcé de m’en défaire comme du gilet.

Hélas ! je prévoyais déjà qu’elle y passerait aussi, et que je devrais m’estimer bien heureux si j’arrivais à Douvres avec ma chemise et mon pantalon !

Toutefois je bannis cette préoccupation du lendemain et, satisfait de mes neuf pence, je me dis que le plus pressé était de faire un plan pour passer la nuit. Je reconnaissais les lieux où je me trouvais, et il me parut très ingénieux d’aller me coucher contre le mur même de mon ancien pensionnat, dans un coin où je me rappelais qu’il y avait habituellement une meule de foin. « Je dormirai, me dis-je, près du dortoir où j’ai raconté de si belles histoires à mes jeunes camarades, et ils ne se douteront pas qu’ils ont si près d’eux le pauvre conteur. »

Je me traînai donc jusqu’à Salem-House : une meule de foin était encore derrière la maison ; je m’y réfugiai après avoir regardé aux fenêtres et m’être assuré que tout était