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tenu mon insomnie, cent fois et cent fois encore je m’étais raconté à moi-même la vieille histoire de ma naissance que ma mère aimait tant à redire et que j’aimais tant à lui entendre répéter. Ma tante était, dans ce récit, un personnage imposant et redoutable ; mais il était un petit détail de son apparition qui me donnait un peu de courage. Je ne pouvais oublier que ma mère prétendait avoir senti qu’elle touchait ses beaux cheveux avec une main caressante. Peut-être n’était-ce qu’une supposition gratuite de ma mère, mais je m’en emparai comme d’un fait ; j’en conclus que ma terrible tante n’avait pu s’empêcher d’éprouver un tendre intérêt pour cette pauvre jeune mère, dont l’image angélique ne me quittait jamais. C’en était assez pour me faire espérer que quelque vif qu’eût été son désappointement de voir venir au monde un neveu au lieu d’une nièce, elle ne repousserait pas trop durement le petit orphelin qui viendrait se livrer à elle.

Comme je ne savais même pas où demeurait Miss Betsey, j’écrivis une longue lettre à Peggoty et lui demandai, incidemment, si elle pouvait me l’apprendre, ajoutant que j’avais ouï parler d’une dame du même caractère,