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raison, M. Micawber but un verre de punch avec une vive satisfaction et siffla un air populaire.

Je lui promis de ne pas oublier ses avis, et je déclare que, tout jeune que j’étais, ils m’affectèrent visiblement. Le lendemain, j’allai accompagner toute la famille à la diligence qui devait la conduire à Plymouth.

« — Mon cher Copperfield, » me dit Mrs Micawber, « que le ciel vous bénisse. Je me souviendrai toujours de vous.

» — Copperfield, » dit à son tour M. Micawber, « adieu. Soyez heureux. Si par la suite du temps je pouvais croire que ma funeste destinée a été pour vous un exemple profitable, je croirais n’avoir pas vécu en vain. Si les dés tournent en ma faveur (et je l’espère), je ne négligerai pas de faire quelque chose pour votre fortune. »

Je restai là jusqu’au dernier moment. Je ne puis m’empêcher de croire que, lorsque Mrs Micawber se fut assise sur l’impériale et qu’elle me regarda, ses yeux se dessillèrent et elle ne vit plus en moi que ce que j’étais : le pauvre petit enfant abandonné. Je le crois, dis-je, parce qu’elle me fit signe de monter auprès d’elle et qu’il y avait dans son visage