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ale de meilleure qualité, — de qualité supérieure ? et combien le verre ?

» — Trois pence le verre est le prix de la véritable Stunning Ale, »  répondit le débitant.

« — Eh bien ! » repartis-je en produisant les trois pence, « versez-moi un verre de la véritable Stunning Ale et que la mousse déborde. »

Le débitant me regarda des pieds à la tête avec un sourire étrange et, au lieu de tirer la bière, il tourna la tête et dit quelques mots à sa femme assise derrière lui : sa femme se leva et tous les deux me contemplèrent un moment : j’étais confus. Ils me firent ensuite plusieurs questions : Quel âge avais-je ! Quel était mon nom ? mon état ? D’où étais-je venu et où allais-je ? Je me piquai de discrétion et je dois m’accuser d’avoir inventé quelque histoire qui satisfit d’ailleurs le mari et la femme, car ils se décidèrent à remplir un verre, quoique je soupçonne que ce n’était pas de la véritable Stunning Ale. Mais lorsque je l’eus vidé, la femme, venant à moi, me rendit mon argent et me donna un baiser, moitié d’admiration, moitié de compassion : je suis sûr qu’elle avait un excellent cœur de femme.

Je n’exagère, qu’on le croie bien, ni la mesquinerie de mes ressources ni les difficultés de