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d’un penny, tantôt une tranche de pouding aux raisins de Corinthe, selon l’état de mes finances. Quand je dînais régulièrement, c’était tour à tour avec une tranche de veau ou une tranche de bœuf rôti, que j’allais chercher moi-même chez un traiteur ; parfois encore je me contentais d’un morceau de fromage et d’un verre de bière que je prenais dans un misérable cabaret à l’enseigne du Lion. Je me rappelle enfin qu’un jour, avec mon pain sous le bras enveloppé dans du papier comme un livre, j’entrai près du théâtre de Drury-Lane, chez le fameux restaurant du Bœuf à la mode, et je me fis servir une portion de cette friandise culinaire. À la vue d’un consommateur de ma taille, le garçon me regarda d’abord tout ébahi, et puis alla chercher un camarade pour lui faire partager sa surprise ou son admiration. Je lui donnai un demi-penny en guise de pourboire, et il n’eut pas honte de l’accepter.

Une autre fois, ma hardiesse me valut un admirateur plus consciencieux : — c’était l’après-midi, il faisait chaud ; la circonstance, je ne sais laquelle, me semblait mériter un extrà : peut-être était-ce l’anniversaire de ma naissance ; j’entrai chez un débitant de spiritueux, et dis au publicain : « Quelle est votre