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ses deux jumeaux. Aussi, cette première communication se renouvela-t-elle souvent avec quelques variantes, pendant tout le temps que j’eus l’honneur de la connaître.

Pauvre Mrs Micawber ! « J’ai tout fait pour lutter contre la fortune. » disait-elle, et c’était vrai, je n’en doute pas. Une grande plaque de cuivre couvrait le centre de la porte de la rue ; on y lisait, gravé en lettres noires : « Pensionnat de jeunes personnes tenu par Mrs Micawber. » Hélas, aucune jeune personne n’y venait recevoir les leçons de l’institutrice, aucune n’était venue se proposer, rien n’annonçait qu’on en eût sérieusement attendu une seule. Les visiteurs uniques dont j’entendisse parler ou que je rencontrasse, étaient des créanciers. Oh ! ceux-là venaient et revenaient à toute heure, et quelques-uns se montraient réellement féroces. Un entr’autres, au teint sombre et sale, un bottier, je crois, se plantait tous les matins, à sept heures, dans le corridor au bas de l’escalier, et, de là, il criait à M. Micawber : « Allons, paraissez donc, vous savez bien que vous n’êtes pas sorti. Payez-nous. Voulez-vous nous payer ? Ne vous cachez pas, voyons ! c’est une bassesse ; je ne voudrais pas faire de bassesse à votre place. Décidez-vous enfin à nous