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d’heure, et je ne sais trop si M. Micawber pourra s’en tirer. Quand je vivais chez papa et maman, je ne me serais guère doutée du sens pénible de ces mots… l’expérience ne me l’a que trop appris, — comme disait papa. »

À moins que ma mémoire ne me trompe, elle me raconta alors que M. Micawber avait été officier dans l’artillerie de marine ; mais qu’il eût été officier ou qu’il eût appartenu à l’armée de mer sous un autre titre, il était devenu une espèce de commis-voyageur dans l’enceinte de la capitale pour placer diverses marchandises, et malheureusement il n’en plaçait guère, j’en ai peur.

« — Si les créanciers de M. Micawber ne veulent pas lui donner du temps, » continua Mrs Micawber qui tenait à me mettre au courant, « ils en subiront les conséquences. Le plus tôt sera le meilleur : on ne peut tirer du sang d’une pierre, et, pour le moment, on ne tirerait pas d’argent de M. Micawber ; on aura beau faire des frais de justice, on en sera pour les frais. »

Mon émancipation prématurée trompait-elle Mrs Micawber sur mon âge ? ou était-elle si pleine de son sujet qu’il lui fallait à tout prix un confident ? Je crois vraiment, qu’à mon défaut, elle eût adressé le même discours à