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texte que ma mère n’était qu’une « poupée de cire. » Elle n’avait jamais vu ma mère ; mais elle savait qu’elle n’avait pas vingt ans. Mon père et Miss Betsey ne se revirent plus. Il avait le double de l’âge de ma mère en l’épousant, et, étant d’une santé faible, il mourut au bout d’une année ou, comme je l’ai dit, six mois avant que je vinsse au monde.

Tel était l’état des choses l’après-midi de ce jour du mois de mars qu’on m’excusera d’appeler le « mémorable vendredi. » Ma mère était assise près du feu, souffrante, triste, rêvant à elle-même et au pauvre petit orphelin qui allait lui naître, lorsque, levant la tête après avoir essuyé quelques larmes, elle aperçut à travers la fenêtre une femme étrangère qui venait par le jardin.

Ma mère eut un pressentiment que c’était Miss Betsey. Il y avait dans sa taille, sa démarche et toute sa personne une telle raideur, que ce ne pouvait être une autre qu’elle. Quand elle fut près de la maison, elle donna une autre preuve de son identité. Mon père avait souvent répété qu’elle se conduisait rarement comme tout le monde : au lieu de sonner, elle vint droit à la fenêtre par laquelle ma mère l’avait vue et appuya son nez contre la vitre.