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sement conservé la passion des livres, ou me rendant utile en pilant quelques drogues dans un mortier, sous la direction du bon Esculape.

Par le même motif, outre l’ancienne haine contre Peggoty, on m’accordait bien rarement la permission d’aller lui rendre visite. Fidèle à sa promesse, ou elle venait me voir ou elle me rencontrait quelque part toutes les semaines, et jamais les mains vides. Après bien des refus, on me laissait, à de longs intervalles, aller passer quelques jours à Yarmouth. J’appris là que M. Barkis avait son imperfection. Il était un peu avare ou un peu serré, comme disait Peggoty, qui, en femme respectueuse, n’eût pas voulu employer le premier mot en parlant de son mari. M. Barkis aimait à thésauriser : il entassait des écus dans un coffre placé sous son lit, et qui, selon lui, ne contenait que des hardes. Pour soustraire de ce coffre l’argent nécessaire aux dépenses de la semaine, Peggoty était réduite à une foule d’artifices et de petits complots.

Je disais que j’avais heureusement conservé ma passion de lecture : j’aurais été complètement misérable sans la vieille bibliothèque de mon père. Les livres, mes fidèles amis, me