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votre chambre à Blunderstone, mon chéri. Vous iriez en Chine que vous pourriez vous dire qu’elle vous attend à votre retour.

Excellente créature ! Comment me lasser de raconter les témoignages de sa persévérante affection ! Hélas ! il fallait déjà lui dire adieu et reprendre le chemin de Blunderstone. Elle voulut du moins m’y ramener elle-même avec M. Barkis et m’embrasser encore à la grille du jardin. Cruelle séparation ! On devine ce que j’éprouvai en voyant la carriole s’éloigner, emportant Peggoty et me laissant seul sous les grands ormes ; ici, plus une figure amie pour me recevoir, personne pour m’aimer.

J’étais de retour. Ce fut alors que je me vis tellement négligé que je ne puis me le rappeler sans me faire pitié à moi-même ; mon isolement devint complet : pas un enfant de mon âge pour jouer un moment, pour échanger une parole ; je n’eus de compagnie que celle de mes lugubres réflexions… dont l’ombre semble encore assombrir la page que j’écris.

Que n’aurais-je pas donné pour être envoyé à l’école la plus sévère… où l’on pût m’enseigner quelque chose. Cette espérance m’était interdite. J’étais détesté, on me regardait à peine ou c’était avec des yeux qui me rem-