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je l’aimais ! quel bonheur, pensais-je, si nous étions mariés, pour aller n’importe où vivre ensemble dans une forêt enchantée, sans cesser d’être jeunes, toujours enfants, errant en nous donnant la main à travers les prairies émaillées de fleurs, reposant la nuit sur un lit de mousse, goûtant le sommeil des innocentes amours, et ensevelis par les petits oiseaux, comme les enfants de la ballade, quand la mort viendrait nous surprendre. Cette vie idéale avec ses pures jouissances fut mon unique désir tout le long du chemin. Il m’est doux de penser qu’il y ait eu deux cœurs aussi innocents que celui d’Émilie et le mien au mariage de Peggoty ; il m’est doux de penser que les amours et les grâces de ma rêverie formaient l’invisible cortège de ce simple hyménée.

Nous fûmes de retour avant neuf heures au vieux navire, où M. et Mrs Barkis ne firent qu’une courte apparition pour se retirer au domicile conjugal. Pour la première fois, je sentis que j’avais perdu Peggoty ; je crois que je me serais trouvé, cette nuit-là, bien triste sous tout autre toit que celui qui protégeait la tête de la petite Émilie.

M. Daniel Peggoty et Cham devinèrent ma