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demanda une tranche de jambon pour son souper, et s’en régala en l’arrosant de plusieurs tasses de thé.

Quelle noce singulière ! J’ai souvent pensé depuis à l’innocente originalité de notre partie. Il commençait à faire nuit lorsque nous remontâmes en voiture, et, tout le long de la route, nous admirâmes les étoiles en répétant que le ciel était magnifique. J’avais déjà reçu à Salem-House quelques notions d’astronomie élémentaire, et je fis parade de mon savoir d’écolier. M. Barkis lui-même m’écoutait avec extase : j’avais regret de ne pas en avoir appris davantage, tant son attention me flattait ; ah ! si j’avais été aussi fort sur la sphère céleste que sur les romans ! n’importe, M. Barkis n’en revenait pas de tout ce que je lui débitais : à cette époque, le prodige à la mode était ce tragédien de douze ans qui jouait Shakspeare sur les grands théâtres. M. Barkis dit à sa femme en parlant de moi : c’est un jeune Rochus (Roscius).

Lorsque j’eus épuisé le thème des étoiles ou plutôt l’admiration de M. Barkis, la petite Émilie et moi nous fîmes un manteau d’une vieille toile cirée, et nous nous abritâmes dessous pendant le reste du voyage, Ah ! que