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M. Barkis avec un nouveau paquet, régulièrement déposé derrière la porte et toujours oublié à son départ. Ces offrandes galantes étaient variées d’une manière fort originale ; je me rappelle, entre autres, qu’il oublia une brosse, une grosse pelote à épingles, un demi-boisseau de pommes, une paire de pendants d’oreilles en jais, une douzaine d’oignons d’Espagne, une boîte de dominos, un serin dans sa cage et un jambonneau mariné.

Je me rappelle aussi que M. Barkis faisait sa cour d’une façon toute spéciale ; il ne parlait pas, il s’asseyait au coin du feu dans la même attitude que sur le siège de sa carriole, et contemplait Peggoty, assise en face de lui, occupée à coudre. Un soir, dans un tendre accès, je suppose, il s’empara violemment du morceau de bougie dont elle se servait pour son fil de couture, le mit dans son gilet et l’emporta. Après cela, sa grande jouissance était, chaque fois qu’on en avait besoin, de le tirer à moitié liquéfié de son gousset pour l’y replonger quand on s’en était servi. Il paraissait d’ailleurs jouir pleinement de son silencieux bonheur, sans se croire obligé de dire une parole. Si, par occasion, il lui était accordé une promenade en tête-à-tête sur la