Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mer n’évoqua plus pour moi les mêmes images : je ne me figurai plus que l’Océan pouvait tout-à-coup soulever ses vagues et submerger la demeure de l’honnête famille qui me donnait l’hospitalité : je pensai à ma propre maison et à son naufrage. Je pensai à ceux qui dormaient à jamais sous l’if de Blunderstone. Je priai pour eux… Puis, faisant un retour sur moi-même, je mis une clause à ma prière afin que Dieu m’accordât la grâce de grandir pour épouser un jour la petite Émilie. Je fermai les yeux pour continuer dans mon sommeil ce rêve d’amour enfantin.

Pendant cette seconde visite à Yarmouth, nos journées se passèrent à peu près comme pendant la première, excepté toutefois, — et c’était une grande exception, — excepté que la petite Émilie et moi nous nous promenâmes beaucoup plus rarement sur la plage. Elle avait des leçons à apprendre, des ouvrages d’aiguille à faire, et elle était absente une bonne partie des vingt-quatre heures. Je sentais d’ailleurs qu’en eût-il été autrement, nous n’aurions pu recommencer nos longues courses au bord de la mer. Quoique toujours capricieuse et folâtre enfant, Émilie était, plus que je ne pensais, devenue une petite femme. Une