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que les marins et les gens allant à la mer fussent à court d’argent à cette époque, soit qu’ils fussent à court de foi et préférassent une camisole en liège, il ne se présenta qu’un seul chaland pour acheter ma coiffe, et c’était un courtier de change qui offrit deux livres sterling en argent avec le surplus en vin de Xérès, ne voulant être garanti de la chance de se noyer à aucune autre condition. Par suite, ma pauvre mère en fut pour ses frais d’annonce, car elle était alors forcée de vendre elle-même son propre xérès. Dix ans après, on mit la coiffe en loterie à une demi-couronne le billet, le gagnant étant tenu de payer une demi-couronne en sus pour les frais. Cinquante billets furent placés et le tirage eut lieu. J’y assistai : je me rappelle mon embarras et ma confusion quand je vis disposer ainsi

    qui la porte d’être noyé ou de faire naufrage. Le proverbe français : « Être né coiffé » n’a d’autre origine que cette superstition qui remonte jusqu’à l’antiquité payenne : « — Ælius Lampridius, en la vie d’Antonin surnommé Diadumène, remarque que cet empereur, qui naquit avec une bande ou peau sur le front, en forme de diadème, d’où il prit son nom, jouit d’une perpétuelle félicité durant tout le cours de son règne et de sa vie : il ajoute que les sages-femmes vendaient bien cher cette coiffe aux avocats, qui croyaient que, la portant sur eux, ils acquéraient une force de persuader à laquelle les juges et les auditeurs ne pouvaient résister. Les sorciers s’en servaient à diverses sortes de maléfices, etc. » Voir le Traité des Superstitions, in 12.o Paris, 1679. Tom. Ier, p. 316.